Rien ... Vous imaginez ça ? Rien du tout pendant plusieurs jours d'affilés. Le néant, nada, niente, rien ... pas même une petite attaque de daleks pour égayer le quotidien. Comment les humains font-ils pour vivre ? J'avais fait le ménage 218 fois, explosé le record de Rory à wii tennis, additionné tous les numéros des plaques de voitures que je voyais passer, j'avais briqué Tardis qui refusait toujours de donner signe de vie et tout ça dans une seule journée. « Comment peux-tu supporter cette petite vie tranquille ... tous les jours ? ». Amy me lança un regard noir pour me faire taire. Je ne l'énervais pas particulièrement, mais il y avait son feuilleton à la télé et les règles étaient claires : pas de bruit. Heureusement, avant que je ne me lamente une nouvelle fois sur mon ennui, River Song apparut dans le salon des Ponds. Elle et sa manie des entrées fracassantes. Au moins, son apparition venait rompre la monotonie du quotidien. « Hello sweetie ! J'ai appris qu'il y avait trois versions de toi qui se baladent en ville ... Trois docteurs pour moi toute seule, miam miam ». Je remettais mon nœud papillon en place avec un sourire charmeur ... mon dieu, mais je flirte et mal en plus. « Je suis sûr que tu pourras te contenter d'un seul ». Elle s'approchait presque lascive, faisant courir un doigt sur mon visage quand Amy prit la parole. « Arrêtez de flirter tous les deux ... c'est, c'est ... bref arrêtez de flirter ». On se retournait, River et moi, dans un même mouvement pour découvrir les Ponds aussi consternés que dégoûtés. Il m'infligeait le spectacle de leur baiser toute la journée dans la Tardis alors pour une fois que les rôles étaient inversés. « Je suis sûr que tu as déjà un plan, une idée, une théorie, n'est-ce pas ? ». Je sentais leurs yeux rivés sur moi. Qu'on le veuille ou non, cette attention permanente, ce regard empli d'admiration flatté l'égo. « J'ai beaucoup mieux qu'un plan, une idée ou une théorie ». Je faisais une petite pause ; pour le suspens vous comprenez. « J'ai deux autres moi ». Et comme un magicien à la fin d'un tour, j'écartais les bras en m'attendant à une réaction quelconque de la part de mon public, mais ils ne réagirent pas. River soupira, Amy me fit une petite moue désolé et Rory avait l'air plus gêné que moi. « Bon, je vais voir ce qu'à Tardis, tu m'accompagnes honey ».

Dehors, le Tardis était toujours aussi inerte et je me surpris à penser que c'était une belle décoration pour le jardin d'Amy. River s'activait autour de la boîte bleue, mais elle en vint vite à la même conclusion que moi : Tardis allait bien, mais ne répondait plus à rien. On s'assit tous les deux dans la neige qui recouvrait la pelouse et je me perdis dans la contemplation des étoiles. « Tu as toujours eu un regard triste, mais il a l'air plus profond aujourd'hui ... Qu'est-ce qui se passe, docteur ? ». Je ne répondis pas tout de suite sûrement parce que je n'avais jamais formulé cette idée à voix haute et qu'il me fallait du courage pour mettre des mots dessus. « Je vais les perdre ». Personne ne parla pendant un moment et on entendait seulement le son du vent dans les arbres alentours. « Amy aurait pu mourir des dizaines de fois, Rory est mort plusieurs fois ... combien de temps il nous reste avant qu'Amy décide que ça suffit et comment je pourrais l'empêcher de partir, qui je suis pour l'empêcher de partir ». Je revoyais la petite Amélia, la pauvre petite Amy que j'avais abandonné et que j'étais revenu cherché. J'avais déjà assez chamboulé sa vie. Je sentis quelque chose sur ma joue, quelque chose de doux et de chaud : un baiser de River. Je lui souriais et me recomposer un visage joyeux. Ma vie consistait le plus souvent à donner le change, à faire croire que j'étais heureux, souriant et optimiste quand en fait, je savais que tout espoir était perdu. « Allez les Ponds, on se réveille, je vous ai dit que c'est moi qui ai inventé le yorkshire pudding ».